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CAMBODGE
18 août 2007

KRATIE ET PROVINCE DU RATTANAKIRI

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KRATIE:

Kratie est un passage obligé pour se rendre dans le Cambodge profond, c'est la ville où l'on mange des araignées. Kratie se trouve à 348 kilomètres au nord est de Phnom Penh, la route pour s'y rendre est dans un état catastrophique et des travaux de grande ampleur ralentissent ma progression. Heureusement que je suis parti à 6h30. A Kompong Cham je quitte le bus et prends un pik-up pour 20 000 riels (4 euros), la route est épouvantable, elle longe la rivière jusqu'à Stung Trong où je prends un ferry pour traverser le Mékong. Le parcours est sublime, je traverse de petits villages plein de charme et après huit heures de route me voici  à Kratie.

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Kratie est une toute petite ville installée sur les rives du Mékong. Peu d'étrangers s'aventurent ici, car cette zone fut l'une des premières à tomber dans les mains des khmers rouges lors de la guerre civile. Cette ville fut aussi l'un des premiers chef-lieux libéré par les forces vietnamiennes le 30 décembre 1978 avant qu'elles ne renversent le régime de Pol Pot. Je m'installe à "Star guesthouse", il fait une chaleur torride, il ne reste plus qu'une seule chambre très chaude au premier étage. J'y dépose mes affaires et prends soin de bien cacher ma sacoche contenant mes précieux papiers et 700 $ sous le matelas. Je mets la clim et descends me désaltérer à la reception. Quelques minutes après je remonte faire un peu de rangement, la chambre est un véritable four, la clim ne fonctionne plus. Je demande à la patronne de me changer de chambre mais elles sont toutes occupées. Elle me propose alors de déménager et d'aller en face à "Hy Heng Ly" guesthouse. Pour 1 $ de plus je déménage et vais m'installer au frais. A part la "Star guesthouse" il n'y à pas un grand choix de restaurants à Kratie, aussi je vais dîner à bon prix dans une échoppe qui ouvre le soir sur les rives du Mékong. Demain je prendrais une moto-taxi pour aller à l'observatoire des dauphins d'eau douce.

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Pour 10 000 riels (2 euros), je m'offre 20 kilomètres de trajet pour aller à Kampi. Le chauffeur coupe le moteur car il n'a pas le droit d'entrer avec le moteur en marche lorsqu'il arrive à la réception de la réserve. Je m'acquite de 5 $ pour l'entrée, les services d'un guide et la location de la barque qui va m'emmener voir les dauphins.

Avant la guerre civile le Cambodge abritait un millier de dauphins, mais leur nombre s'est bien réduit sous le régime de Pol Pot, durant lequel ils étaient chassés à la dynamite pour leur extraire leur huile. C'est en pleine saison des pluies que l'on en rencontre beaucoup, mais le pilote de la barque est tellement rusé qu'il m'emmène dans un coin où ils se regroupent souvent. Après 30 à 40 minutes d'attente les voici de tout près. Se sont des "trey pisault", dauphins d'eau douce de l'Irrawady, ils font partie des espèces menacées en Asie. Outre au Cambodge, il en existe au Laos, au Bangladesh et au Myanmar.

Sur le chemin du retour je me fais arrêter dans un restaurant très agréable installé au bord d'un lac quasiment asséché et je me délecte des beignets de crevettes à la sauce piquante. Arrivé à Kratie je m'installe devant une bonne bière à la terrasse de ma guesthouse et j'aperçoit un européen pressé qui se dirige vers moi avec dans les mains une sacoche identique à la mienne. Il s'agit bien de ma sacoche, celle que j'avais placé hier sous le matelas du lit de la chambre de "Star guesthouse". La patronne l'a récupéré et a demandé à l'allemand qui est venu s'installer à ma place de bien vouloir me la rapporter. C'est la femme de ménage qui l'a touvé et l'a remise à sa patronne. Je propose une boisson à l'allemand mais celui-ci est très pressé et s'en va. Les mains me tremblent alors que j'ouvre la sacoche pour vérifier son contenu. Ouf ! Voici mes billets d'avion pour mon retour, mon passeport, et même mes 7 billets de 100 $. D'un bond je fonce à "Star Guesthouse" et demande à rencontrer la femme de ménage. Je lui adresse mes plus chaleureux remerciements et à l'écart des clients lui donne 40 $. Elle est très gênée, 40 $ correspondent à deux mois de son salaire. A l'issue de cette heureuse nouvelle je dîne sur place et offre à boire à tout le monde.

Ce matin je prends mon temps pour aller au marché et je remarque que les habitants sont tous très pressés, ils ont tous des petits drapeaux dans les mains et prennent la même direction. Un enfant me donne un drapeau et je suis le mouvement. Nous avançons vers le temple de la ville, il est 10h30 et pratiquement tout Kratie est aligné sur les trottoirs, certains agitent le portrait du Roi. J'ai vite compris que Sihanouk était en visite officielle au moment où des voitures noires, sirène à fond allaient pénétrer dans la cour du temple. J'ai même eut le privilège de filmer le Roi au moment où il apparaissait du toit ouvrant de son véhicule.

LES MYGALES:

Je ne suis pas venu à Kratie pour y voir Sihanouk mais pour y déguster les spécialités régionales qui sont les mygales. Dans la petite localité de Skuon les habitants mangent les mygales depuis longtemps et à tous les repas.

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La bourgade n'a aucun intérêt touristique mais cette curiosité pousse les gens à s'y rendre. J'ai pris mon temps pour observer et examiner attentivement ces bestioles offertes dans toutes les échoppes du village. Les mygales cuisinées sont empilées sur des plateaux circulaires portés sur la tête des commerçantes. Les araignées sont élevées dans des trous creusés dans le sol, on les appelle les Kate Nolan. Je ne suis pas venu pour rien, je fais la connaissance d'une vieille dame qui parle quelques mots de français et qui m'offre fièrement un cornet de mygales.

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  L'expérience gastronomique est insolite, je regarde une gamine qui est en train de se régaler et je fais comme elle. On les mange comme l'on mange de petits crabes cuisinés, en cassant la carapace et en pressant sur les pattes pour en extraire la chair. Leur saveur se rapproche de celle des ailes de poulet bien cuites avec un arrière goût de cèpe et de miel. L'abdomen est inmangeable tellement il est amer.

Personne ne connaît l'origine de cette pratique, certains pensent que la population a commencé à manger ces bébettes pendant la disette lors du régime des khmers rouges. Dans le village il existe encore un vieillard qui dit avoir été sauvé de la famine grâce à la teneur en protéines des bestioles.

PROVINCE DU RATTANAKIRI:

Il me faudra deux jours en pik-up moyennant 40 000 riels (8 euros), pour atteindre Ban Lung. Je trouve un chauffeur expérimenté et après 6 heures de route me voici à Stung Treng où je décide de passer la nuit.

Le Rattanakiri est un endroit idéal pour rencontrer de nombreuses minorités ethniques dans un cadre luxuriant et sauvage. La région et surtout ses habitants ont souffert des bombardements américains destinés à détruire la piste Hô Chi Minh et des risques de paludisme et de dengue. Le Rattanakiri a servi de base aux responsables khmers rouges pendant les années 60. Pol Pot et Leng Sary s'y réfugièrent en 1963 pour établir leur QG à Ta Vang. Un grand nombre de khmers rouges avaient des Khmers Loeu pour garde du corps, les familles de ces derniers se sont retrouvées dans des camps à la frontière thaïlandaise et ce n'est qu'en 1999 que la plupart ont pu rentrer au Cambodge après parfois 30 ans d'exil.

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Autrefois la richesse de la région était le caoutchouc, aujourd'hui elle a laissé la place à l'exploitation des pierres précieuses. On extrait du Zircon de bonne qualité. Le trajet est long mais je ne regrette pas mon escapade ici car les paysages sont d'une rare beauté. J'ai hâte d'arriver à Stung Teng.

Le petit village de Stung Treng est voué à recevoir beaucoup de visiteurs dans les années à venir, il se trouve stratégiquement bien situé pour pénétrer au sud du Laos et son environnement est agréable avec des décors à couper le souffle. Je n'arrête dans une guesthouse pour 3 $ la nuit et m'en vais manger une soupe de chevreau particulièrement tonique, bourrée de gingembre.

La piste pour Bang Lung est plane et bien nivelée et la poussière qui remonte à l'arrière du pik-up me dérange énormément, je me noue un bandana autour du visage pour me protéger des nuages de terre rougeâtre. Les environs de Bang Lung sont beaux et paisibles, surtout le site de Boeng Yeak Lom où un lac circulaire occupe un cratère situé au milieu d'une jungle luxuriante. Les minorités de la région pensent que ce lieu se serait constitué il y à 700 000 ans et le considèrent comme sacré. Pour 5 $ je m'istalle à "Mountain guesthouse" où la patronne est très accueillante. Ici j'ai l'impression de remonter le temps, les trajets sont très fatigants mais pleins de poésie, ils demandent une certaine expérience qui n'est pas donnée à des touristes ordinaires. Mais quelle belle aventure !

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Je passe plus d'une heure à me familiariser avec la moto tout terrains que je viens de louer et m'en vais faire la tournée des cascades, celle de Chaa Ong Ong est la plus spectaculaire, ses eaux se déversent dans une gorge au coeur de la jungle. Je me dirige vers la cascade de Tuk Chrouu Bam Pul, celle qui se décompose en  sept niveaux, elle est proche de Chum Rum Bai où l'on extrait des pierres précieuses. Je termine ma journée à Ta Veng, là où Pol Pot et ses chefs militaires khmers rouges établirent leur base.

POL POT:

Pol Pot est un nom qui évoque un frisson d'effroi chez la plupart des cambogiens et même chez les étrangers. Ce nom est devenu symbole de la folie sanguinaire. Il a dirigé son régime de 1975 à 1979 provoquant la misère, la souffrance et la mort de millions de ses compatriotes. Après sa défaire de 1979 son ombre a continué à planer et le peuple a vécut un profond traumatisme. Il est mort le 15 avril 1998.

Pol Pot nommé Salothar naquit en 1925 dans un petit village près de Kompong Thom, il connut une enfance relativement privilégiée. Jeune homme il obtint une bourse pour venir étudier à Paris où il passa plusieurs années avec Leng Sary, le futur ministre des affaires étrangères du Cambodge démocratique. C'est en France qu'il aurait développé sa pensée marxiste radicale pour adopter ensuite la politique maoïste extrémiste. De retour au Cambodge il n'entra en politique qu'à la fin des années 50. Sihanouk l'envoya se réfugier dans la jungle du Rattanakiri.

Lorsque les khmers rouges rentrèrent dans Phnom Penh le 27 avril 1975, rares étaient ceux qui se doutaient de l'enfer qui les attendaient. Pol Pot aidé de ses camarades fut l'architecte d'une des révolutions les plus radicales et les plus brutales de toute l'histoire de l'humanité. Il proclamat 1975 "l'année zéro" et embarqua le Cambodge sur la voie de l'autodestruction afin de couper tout lien avec le passé. Complètement paranoïaque pour sa propre sécurité il ne cessa de changer de résidense et la dernière année de son régime sa réputation était telle qu'un véritable culte de la personnalité se développait autour de lui. Pol Pot était un anti vietnamien. Les vietnamiens devinrent les plus grands ennemis des khmers rouges lorsqu'ils envahirent le Cambodge le 25 décembre 1978 et renversèrent le gouvernement khmer rouge le 7 janvier 1979.

Même après son renversement Pol Pot pu reconstituer ses troupes et menacer de nouveau la stabilité du pays. Son décès fut annoncé si souvent que lorsqu'il mourut réellement, nombre de cambodgiens ne le crurent que lorsqu'ils virent sa dépouille mortelle à la télévision. Pol Pot a emporté beaucoup de secrets dans sa tombe. On ignore le nombre exact de cambodgiens massacrés pendant les  trois années, huit mois et vingt et un jours de son pouvoir. Selon enquêtes les pertes seraient évaluées à au moins deux millions. Outre les personnes tuées, des centaines de milliers d'autres mouraient de faim et de maladies. Les repas se résumaient à une soupe de riz deux fois par jour, pour une journée de travail de 15 heures dans les champs. La maladie régnait dans les camps de travail, le paludisme, la malaria, et la dysenterie terrassait des familles entières.  Au vu de l'horreur quotidienne la mort constituait pour beaucoup un soulagement.

Pour voyager avec moi en Asie du Sud Est, je vous propose d'aller sur mes blogs dont les adresses sont les suivantes:   cliquez directement sur le lien pour entrer sur le blog

THAÏLANDE(Bangkok et environs):  http://www.bimboasie.canalblog.com

THAÏLANDE(triangle d'or et îles):   http://www.bimboasie3.canalblog.com

NEPAL:  http://www.bimboasie2.canalblog.com

BIRMANIEhttp://www.bimbobirmanie.canalblog.com

VIETNAM: http://www.bimbovietnam.canalblog.com

CAMBODGE:  http://www.bimbocambodge.canalblog.com

LAOS:  http://www.bimbolaos.canalblog.com

TRIANGLE D'OR:  http://www.bimbotriangledor.canalblog.com   

INDE:   en construction

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